Très beau billet de Denis Pondaven, avec une analyse fine et complète de cette merveilleuse soirée à

Pour mon 40ème concert de l'année 2017, j'ai eu le privilège d'assister à la soirée organisée ce samedi 2 décembre par Alep Espace Quinière de Blois, placée sous le signe de la chanson française de qualité.

Grâce à des personnes adorables, ce n'est que tout récemment que j'ai réussi à obtenir une place alors que tous les billets étaient vendus depuis plusieurs semaines. Elles se reconnaîtront : qu'elles en soient remerciées pour cela !

Arrivé sur place 35 minutes avant le début de la première partie, je suis étonné de voir une aussi longue file d'attente et une salle déjà remplie au trois quart. Mon siège est plutôt bien situé, au quatrième rang mais tout à gauche de la scène.

Le public fait un accueil très chaleureux à Mathis Poulin. Tout juste 17 ans, ce jeune homme s'épanouit dans le domaine musical et poursuit une progression très intéressante à l'échelon régional.

Disposant d'environ trente minutes, il choisit de jouer en priorité les titres de son récent EP "Nouvelle Saison" en mettant l'accent sur ceux qui abordent les tensions du monde actuel ("Ce Monde Parfait", "Nouvelle Saison", "Au Placard").

"Le Mal" évoque les impasses que constitue le discours d'extrême droite. Autrement dit, des compositions qui ne sont pas faites pour rigoler, y compris la très personnelle "Ça Passera".

Très applaudi pour cette impeccable prestation, il revient interpréter en rappel "Pour De La Tune", chanson funky, pleine de riffs entraînants et syncopés.

Après une interruption d'un dizaine de minutes, les spectateurs trépignent d'impatience en attendant l'arrivée de Gauvain Sers.

Le chanteur creusois et son guitariste Martial Bort sont formidablement ovationnés. "Dans La Bagnole De Mon Père" donne le ton. Les paroles sont légèrement modifiées pour notre plus grand plaisir d'autochtones : "maintenant je sais que le 41, c'est le Loir-et-Cher évidemment" ! Gauvain souligne, non sans ironie, le caractère "légèrement autobiographique" du titre suivant : "Quand Elle Appelle Sa Mère".

Le public est toujours chaud bouillant sur "Hénin-Beaumont" : il ne devait pas y avoir beaucoup de sympathisants FN dans l'assistance.

"Le Ventre Du Bus 96" décrit avec tendresse des tranches de vie, tout comme l'inédit "Tu Vends Des Roses" décalque du titre "Dans Mes Poches".

A l'instar de Mathis, des chanson sont consacrées aux attentats de janvier 2015 et à la réaction du peuple français ("Entre République et Nation", "Mon Rameau") ainsi qu'au risque terroriste ("Mon Fils Est Parti Au Djihad").

D'autres moments du spectacle apportent plus de légèreté et de poésie, notamment "Sur Ton Tracteur" ou encore "Comme Chez Leprest". Seule reprise, "Mon Vieux" de Daniel Guichard, est magnifiquement interprétée.

Les rappels débutent par un inédit qui évoque le thème grave de la prostitution étudiante. Ambiance un peu plombée mais pour une courte durée car Gauvain enchaîne avec "Pourvu", son titre phare qu'on a entendu en boucle cet été sur les radios FM, dont RTL2. Un petit poème malicieux, sur le poulet du dimanche, met un point final à ce superbe concert.